Paroles et Pratiques Artistiques Autochtones au Québec Aujourd’hui
par France Trépanier
Read Aboriginal Words and Arts Practices in Quebec Today in English here .
Un événement organisé par le Cercle des Premières Nations de l’UQAM Du 20 au 22 novembre 2008
Wôlinak, Kitcisakik, Kitigan Zibi, Manawan, Wemotaci, Ouje-Bougoumou, Wendake, Mashteuiatsh, Listuguj, Kahnawake, Kawawachi Kamach, Inukjuak, Salluit sont autant de noms aux résonances innues, inuites, algonquines, attikamekw, micmac, cries, huronnes-wendat, abénakises, mohawk.
Noms de lieux, de territoires habités au Québec par les Premiers Peuples, par leurs descendants et par des artistes qui maintiennent, à bout de bras, des pratiques essentielles à l’expression de la réalité autochtone et au passage des savoirs vers les prochaines générations.
C’est pour parler de cette réalité que s’est tenue la conférence Paroles et Pratiques artistiques autochtones au Québec aujourd’hui. Cet événement fut présenté par le Cercle des Premières Nations de l’UQAM et le Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions (CÉLAT-UQAM), en collaboration avec l’organisme Terres en Vues.(1)
Répartie sur trois jours, la conférence offrait un colloque universitaire ainsi que des rencontres publiques au cours desquelles les artistes autochtones francophones du Québec sont venus parler de leur démarche de création, de leurs œuvres et du sens de leur pratique.
Déjà à la lecture du programme reçu au début de l’automne, je fus impressionnée par la brochette d’invité(e)s. De l’ile de Vancouver où j’habite, j’ai rêvé du voyage qui me permettrait d’être, l’espace de quelques jours, en compagnie d’ami(e)s, de collègues, d’artistes dont j’admire le travail et la ténacité. J’ai réfléchi à la place qu’occupent dans le paysage québécois et canadien, des artistes visuels chevronnés tels Rita Letendre et Pierre Sioui. J’ai pensé aux œuvres puissantes de la cinéaste abénakise Alanis Obomsawin, du musicien innu Florent Vollant, du dramaturge huron-wendat Yves Sioui-Durand ou encore, chez les plus jeunes, du rappeur algonquin Samian.
Je réalise que malgré la vitalité et la pertinence des œuvres des artistes autochtones, les occasions de conversation, les conférences, les colloques et les tables-rondes sur le sujet sont assez rares. Plus rares encore sont les lieux où la parole est offerte aux créateurs autochtones eux-mêmes.
Qui parle au nom de qui? Voilà une question bien d’actualité. Au Québec, ce sont souvent les non-autochtones qui s’expriment sur la chose amérindienne. Vous me direz que ce phénomène n’est pas unique au Québec et vous aurez raison. Mais il me semble qu’au Québec plus qu’au Canada anglais, les voix autochtones sont absentes du discours public, des médias, des institutions et même des commissions de consultation.(2)
Il faut pourtant, sur cette question de prise de parole, faire preuve de nuance et de prudence. La ligne de démarcation entre l’appropriation de la voix autochtone et les alliances stratégiques est bien ténue.
On pense bien entendu au travail des Serge Bouchard, Richard Desjardins, Chloée Ste-Marie ou Richard Séguin qui contribue à faire connaître aux Québécois les réalités autochtones. On salue aussi les efforts de rencontre d’une Laure Morali qui, à travers des textes rassemblés, construit des ponts entre auteurs amérindiens et québécois.
«Nous pourrions déposer quelques mots choisis à la porte l’un de l’autre pour nous signifier mutuellement notre respect, et faire taire ce silence qui sollicite les côtés sombres de l’imagination.» (3)
Mais à travers toutes ces évocations, toutes ces rencontres, il faut s’assurer que le respect mutuel se bâtisse en honorant l’histoire, en tenant compte des realités sociales et économiques des communautés autochtones et, de manière plus importante, en comprenant bien que les relations de pouvoir existent toujours.
Je me suis donc réjouie que le colloque universitaire de l’UQAM fasse entendre des voix autochtones. Ce colloque fut en outre le théâtre privilégié d’étudiants au doctorat et de professeurs venus livrer le résultat de leurs travaux portant sur des sujets aussi variés que les pratiques hypermédiatiques de l’écriture chez les Inuits du Nunavut, le collège Manitou et son influence sur le travail des artistes amérindiens contemporains ou la symbolisation des liens collectifs chez les artistes autochtones au Québec.
Imprégné d’une aura académique, contexte universitaire oblige, l’événement aura néanmoins réunit, autour de tables-rondes thématiques, d’importants artistes autochtones du Québec.
« À la vue mais invisible » (4) est le titre d’un ouvrage portant sur les contributions des peuples autochtones à l’identité et à la culture canadiennes. Ce titre décrit également avec justesse un phénomène particulièrement présent dans l’autochtonie francophone et qui se manifeste sous diverses formes.
J’ai eu le privilège, ces dernières années, de travailler avec des artistes autochtones de plusieurs nations. J’ai constaté que trop souvent les artistes autochtones du Québec se retrouvent en marge de la marge.
- Ils sont absents de la vie artistique canadienne. Il n’y a qu’à ouvrir un livre sur l’histoire de l’art au Canada, ancienne ou contemporaine, pour constater l’omission.
- Ils sont invisibles dans la culture dominante francophone. Pourtant la corrélation est bien tenue entre cette invibililité et l’excellence des pratiques.
- Les artistes autochtones francophones sont encore largement sous-représentés au sein même de la collectivité artistique autochtone au Canada.
Les deux grandes solitudes existent au sein du monde autochtone. Existe aussi, comme le dit le conservateur huron-wendat, Guy Sioui-Durand, « …le besoin de mieux lier l’imaginaire autochtone d’Est en Ouest, dans toute sa complexité. » (5) J’ajouterais l’importance des liens entre le Sud et le Nord pour recréer, avec les quatre directions, la puissance de guérison de la roue de médecine comme métaphore.
Au cours des dernières décennies, pour des raisons d’ordre historique, politique, culturel et économique, les artistes autochtones du Québec n’ont pas pu assumer leur juste part aux affirmations et à la reconnaissance qui marquent la prise de parole des artistes autochtones au Canada anglais.
J’ai souvent étonné mes collègues, tant anglophones que francophones, en mentionnant qu’il existe 11 nations autochtones au sein desquelles la langue française est parlée et qu’elles sont principalement situées au Québec, au Manitoba, au Nouveau-Brunswick, en Ontario, au Nunavut et au Labrador. (6)
Toujours aux prises avec les effets néfastes d’un regard anthropologique, les artistes autochtones francophones revendiquent le respect et la valorisation des savoirs traditionnels tout autant que des pratiques contemporaines. Au Québec, les cultures et les arts autochtones sont souvent considérés plus pour leurs potentiels économiques et touristiques que pour leurs valeurs esthétiques propres au sein du monde de l’art contemporain canadien et international.
Qui fréquente un tant soit peu les arts autochtones sait que ce sont les artistes contemporains qui par leurs œuvres, nous permettent de collectivement déconstruire les préjugés et les stéréotypes. Ils nous révèlent la force des traditions ancestrales tout en inscrivant leurs démarches dans le monde de l’art actuel.
C’est précisément ce travail qu’ont entrepris Yves Sioui-Durand, Catherine Joncas et John Blondin en 1985, lors de la création d’Ondinnok, seule compagnie professionnelle de théâtre autochtone au Québec. La mission de la compagnie est de créer un « théâtre mythologique amérindien » qui intègre la tradition initiatique et la théâtralité contemporaine.
Dans le cadre de la conférence, une rencontre publique animée par Louis-Karl Picard-Sioui a permis de discuter du théâtre d’Ondinnok en présence de monsieur Sioui-Durand et de madame Joncas. La présentation d’une rétrospective audio-visuelle du travail de la compagnie au cours des deux dernières décennies fut pour moi particulièrement révélatrice. D’abord par la rigueur et la force des oeuvres. Puis, parce qu’au fil des extraits des productions, du Porteur des peines du monde (1985-1995) à Hamlet le Malécite (2004), on assiste, en accéléré, à la création d’une dramarturgie puissante et singulière.
Après le théâtre, pour parler des langues, de la littérature et de la poésie autochtones au Québec on a réunit Joséphine Bacon, réalisatrice et auteure innue de la communauté de Betsiamites, Rita Mestokosho, poète innue de Ekusnitshit et Jean Sioui, poète et formateur huron-wendat de Wendake. Ensemble ls ont dressé un portrait de la littérature aautochtone au Quebec. Ont été évoqués la collection autochtone Les Loups Rouges, dirigée par Jean Sioui en collaboration avec la maison d’édition Le Loup de Gouttière et le premier carrefour sur la littérature autochtone qui a rassemblé, à Wendake en septembre dernier, des auteurs chevronnés tels George Sioui, Michel Noël, Tomson Highway et Sylvie-Anne Sioui-Trudel.
Une troisième table-ronde a réunit les cinéastes Alanis Obomsawin, André Dudemaine et Rachel-Alouki Labbé. Ils ont exploré certains aspects du cinéma autochtone au Québec et de leurs impacts sur les communautés. Par exemple, André Dudemaine a parlé du coureur des bois comme figure allégorique dans le cinéma autochtone.(7) Comme on l’affirme dans Coureurs de nuit, un film par Shanouk Newashish, « Nos ancêtres étaient coureurs de bois, nous on est coureurs de nuit. »
Utilisant ses célèbres talents de conteuse, Alanis Obomsawin a quant à elle livré un vibrant témoignage relatant les moments difficiles du tournage du film Kanehsatake – 270 ans de résistance. Ce film fut réalisé au moment de la crise d’Oka en 1990. Les panelistes ont en outre discuté des effets néfastes que cette crise a eu sur le développement et le financement des arts autochtones au Québec. À la fin des années ’80, les organismes artistiques autochtones commencaient à peine à être reconnus et soutenus par le ministère de la culture du Québec. Après Oka, ce soutien s’est raréfié, sinon simplement volatilisé.
À ce jour, il n’y a aucun programme dédié aux arts autochtones au sein du Conseil des Arts et des Lettres du Québec.
De plus, bien que le Bureau des Arts autochtones du Conseil des Arts du Canada existe depuis les années ‘90 et que des agents autochtones sont présents dans chaque service disciplinaire, le Conseil ne compte encore aucun agent autochtone francophone.
Toujours autour du cinéma, une discussion sur le Wapikoni mobile(8) a rassemblé la réalisatrice québécoise Manon Barbeau, le réalisateur et caméraman attikamekw Shanouk Newashish, la cinéaste Evelyne Papatie et le musicien et cinéaste Kevin Papatie, tous deux Anishnabe de Kitcisakik.
Le Wapikoni mobile est un studio ambulant de création vidéo et musicale destiné aux jeunes des communautés autochtones du Québec. Grâce à l’appui de l’Office national du film et de plusieurs autres partenaires, le Wapikoni mobile est doté de trois caméras, de deux stations de montage et d’un studio d’enregistrement musical. Il est également muni d’un projecteur qui permet d’organiser des projections dans les communautés à la fin de chaque escale. Au cours de l’année 2008, le Wapikoni mobile aura fait 17 escales.
Les jeunes créateurs du Wapikoni mobile ont à ce jour récolté 24 prix dans des festivals nationaux et internationaux. Les plus récents furent décernés au film L’amendement du réalisateur Kevin Papatie par le festival ImagineNative de Toronto et le festival Filmer à Tout Prix de Bruxelles.
Les participants ont exploré les perspectives d’avenir du Wapikoni mobile tout en soulignant les besoins d’infrastructures permanentes de production au sein des communautés.
Cette absence d’infrastructure est d’ailleurs observable dans les autres disciplines artistiques.(9) Quelle soit tangible ou intangible une infrastructure artistique fonctionne comme un système complexe qui soutient le continuum de l’activité artistique : la formation, la création, la production, la conservation, la diffusion et l’appréciation des arts. Or dans l’autochtonie francophone, il n’existe pas d’organismes nationaux de services aux arts, de centres d’artistes autogérés, de salles de spectacle, de maisons d’édition, de réseaux de tournées. Trop rares sont les publications, les prix, les discours critiques ou la présence dans les médias, les collections, les archives, les travaux de recherche. Tous ces éléments valident les pratiques artistiques dans le « mainstream ».
La table-ronde sur les arts visuels a offert un aperçu des travaux de Sylvie Paré et Sonia Robertson, de même que du récent projet du conservateur Guy Sioui-Durand. Se trouvait également à la table, le chorégraphe et danseur mohawk Gaétan Gingras.
Le travail de Sylvie Paré me touche. Artiste métisse huronne-wendat et muséologue responsable du Jardin des Premières Nations au Jardin Botanique de Montréal, elle crée des installations qui insufflent une nouvelle vie au patrimoine huron. Elle réactualise le contexte et l’histoire d’objets qui sont autant de symboles de dépossession. Ses installations La fête des mort et Conservation des espèces sont particulièrement représentatives de cette démarche.
Voir les œuvres de Sonia Robertson est comme soulever le coin d’un voile pour apercevoir, l’espace d’un instant, la lumière d’autres mondes. J’aime les gestes, les traces qu’elle laissse comme autant de signes qui nous aident à construire – ou reconstruire – l’histoire. Venant à l’installation et la performance par le biais de la photographie, l’artiste ilnue (10) Sonia Robertson privilégie le travail in situ et le caractère éphémère des œuvres. Au cœur de ses créations se trouvent la spiritualité amérindienne ainsi que la nature.
De concert avec Domingo Cisnéros, elle a récemment créé une œuvre extérieure intitulée Wampum dans le cadre des célébrations entourant le 400ième anniversaire de la vile de Québec. Ici le wampum emprunte la forme d’un jardin éphémère qui devient symbole « des réserves où nous avons été exilés, le lieu de notre étouffement à la fois comme « espèces » anéanties, et comme « mauvaises herbes » irréductibles et renaissantes ».(11)
C’est d’ailleurs au conservateur et critique d’art Guy Sioui-Durand que l’on a confié la direction artistique du volet Rencontres avec les Premières Nations lors du 400ième anniversaire de Québec l’été dernier. Avec ses envolées et sa verve habituelles, monsieur Sioui-Durand a présenté un survol des nombreux chantiers artistiques mis en oeuvre pour l’occasion. Il a commenté les nombreuses œuvres, dont l’exposition Tehariolin : Zacharie Vincent et ses amis, qui ont ponctué une programmation multidisciplinaire appréciée par des milliers de visiteurs.
Les organisateurs de la conférence Paroles et Pratiques artistiques autochtones au Québec aujourd’hui ont promis « d’alimenter une réflexion critique sur les arts autochtones et les enjeux qui s’y rattachent ». À mon avis, ils ont tenu leur pari. L’événement a permis de constater la vitalité et l’essor des artistes autochtones.
J’ai quitté Montréal, la tête pleine de conversations, d’images, d’idées, et réjouie par les retrouvailles et les nouvelles rencontres.
Je dis qu’il est essentiel de réitérer l’expérience et multiplier les occasions de donner la parole aux artistes autochtones francophones. Il faut agrandir le cercle pour s’assurer qu’ils puissent occuper la place qui leur revient tant au sein de l’autochtonie culturelle ici que dans le monde de l’art contemporain national et international.
Et je continue d’espérer que le temps de l’invisibilité soit bientôt révolu.
France Trépanier is a visual artist, researcher and consultant of Mohawk and French ancestry. Born in the Outaouais, she currently lives on Vancouver Island, British-Columbia.
1. Voir les sites http://cpn.uqam.ca/ & http://www.nativelynx.qc.ca/ &http://www.celat.ulaval.ca/
2. Un nombre remarquablement faible d’Autochtones ont pris part aux travaux de la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles qui s’est tenue au Québec l’an dernier. Pour plus de renseignements à ce sujet, voirhttp://www.accommodements.qc.ca/index.html
3. Extrait du livre Amititau! Parlons-nous!, par Laure Morali aux Éditions Mémoire d’encrier, 2008.
4. Traduction libre du titre Hidden in Plain Sight : Contributions of Aboriginal Peoples to Canadian Identity and Culture, sous la direction de David R. Newhouse, Cora J. Voyageur et Dan Beavon, University of Toronto Press, 2005
5. Traduction libre tirée de AK8A – ENTON8HI of Saliva and Quill, de Guy Sioui-Durand traduit par Jane C. Lamb-Ruiz dans Making a Noise! sous la direction de Lee-Ann Martin, Banff Press, 2004.
6. Ces communautés sont caractérisées par une grande diversité linguistique, culturelle, sociale et économique Les rapports à la langue française et à la francophonie sont aussi très diversifiés. Dans certaine communautés, comme chez les Hurons-Wendat et les Abénakis, le français est devenue la langue première. Chez les Micmacs, les Malécites, les Attikamekw et les Innus, le français est parlé comme langue seconde, quoique la transmission des langues ancestrales représente parfois un défi. Dans d’autres communautés comme chez les Mohawk, les Inuit et les Cris, la langue française est une troisième langue après les langues ancestrales et l’anglais.
Pour de plus amples informations concernant les autochtones dans la francophonie canadienne, voir le Rapport de conférence Diversité Francophonie, par France Trépanier au:www.canadianheritage.gc.ca/progs/lo-ol/pubs/francophonie-2005/
7. C’est d’ailleurs le sujet de son article à paraître dans le prochain numéro de la revue québécoise du ciméma 24 images.
8. Pour de plus amples renseignements sur le Wapikoni mobile voir le site internet www3.onf.ca/aventures/wapikonimobile
9. La question des infrastructures pour les arts autochtones est discutée dans le Rapport des consultations, Initiatives de recherche sur es arts autochtones, par France Trépanier, Conseil des Arts du Canada, 2008.www.conseildesarts.ca
10. Le terme ilnu renvoie à la communauté encore appelée parfois « montagnaise ». Le terme innu est utilisé sur la Côte Nord alors que celui d’ilnu désigne plus précisément les gens de Mashteuiatsh (Lac St-Jean).
11. Voir texte de Domingo Cisnéros et Sonia Robertson sur le sitemonquebec2008.sympatico.msn.ca/MonQuebec2008/
France Trépanier is a visual artist, curator and researcher of Kanien’kéha:ka and French ancestry. Her practice is informed by strategies of collaboration.
France was recently selected, by the Canada Council for the Arts, to be part of the Indigenous Curators Exchange in Australia, New Zealand and the 2017 Venice Biennale.
She is the Aboriginal Curator at Open Space Arts Society in Victoria BC, where she recently curated the Awakening Memory Project with artists Sonny Assu, LessLIE and Marianne Nicolson.
France was the co-recipient of the 2012 Audain Aboriginal Curatorial Fellowship by the Art Gallery of Greater Victoria.
She co-authored with Chris Creighton-Kelly Understanding Aboriginal Art in Canada Today: a Knowledge and Literature Review for the Canada Council for the Arts.
Her essays and articles have been published in numerous journals and magazines. France is co-chair of the Indigenous Program Council at the Banff Center .